Les cocktails au champagne dans les films… et leurs recettes

Avec cet article nous inaugurons une nouvelle série : « Quand voir, c’est boire » dont l’ambition est de lier les représentations du champagne au cinéma et les manières effectives de le boire. Pour commencer, Olivier Caron s’est intéressé aux cocktails avec du champagne que l’on rencontre dans le septième art, en prenant soin à chaque fois d’en proposer les recettes.

De quoi se laisser tenter, en cette période estivale, par quelques apéros hollywoodiens.

Dans la plupart des films le champagne est consommé seul, nature, mais il en est quelques-uns où il est servi en cup, sous forme de punchs, mais surtout en cocktails préparés en direct ou au shaker. Pour les amateurs de cocktails, il existe quelques grands classiques réalisés avec du Champagne tels que l’incontournable Champagne cocktail, le Bellini, le Porn Star Martini, le Barbotage, le Mimosa, le Pick me up, etc. Certains ont été portés à l’écran.

Et pour ceux qui auraient l’eau à la bouche, nous avons choisis de vous proposer les recettes qui permettront d’étancher votre soif !

Les Cups (vasques à punch)

Si l’on aperçoit de nombreuses scènes de cocktails où la boisson est préparée en « cup », dans les films américains notamment, il est délicat de dire si celles-ci contiennent bien du champagne. Et il est encore plus rare d’assister à l’écran à la préparation du cocktail. C’est pourtant le cas dans un film d’un des plus grands réalisateurs américains de l’époque Cecil B. DeMille, Manslaughter (Le Réquisitoire, 1922), dans lequel toute la préparation du cocktail est filmé dans une séquence particulièrement importante du film lors de laquelle la protagoniste Lydia Thorne (interprétée par Leatrice Joy) y est présentée comme une riche orpheline, gâtée, totalement égoïste, et ne vivant que pour, et dans, d’excessives et désespérées bacchanales.

Image extraite du film Manslaugther (Le Réquisitoire, 1922) réalisé par Cecil B. DeMille où l’on voit Leatrice Joy préparer un cocktail
Cecil B. DeMille sur un tournage en 1922

Champagne cocktail

La recette de l’Association des Barmen de France (ABF)

Déposer dans le fond d’une flûte un morceaux de sucre imbibé de quelques gouttes d’Angostura bitter. Verser 1 cl de cognac puis compléter délicatement de 11 cl de champagne.

Il est le plus cinématographique des cocktails. Simple et efficace, il apparait dans de nombreux films essentiellement américains.

Si plusieurs sources prétendent révéler son origine, celle-ci n’est pourtant pas réellement connue. Ce que l’on sait, c’est que la recette du Champagne cocktail a été publiée pour la première fois en 1862 dans The Bartender’s Guide : How To Mix Drinks de Jerry Thomas. Dans cette version, il n’y avait pas de cognac, le sucre était en poudre, le vin était versé dans un tumbler rempli au tiers de glace pilée, et le cocktail était réalisé au shaker.

Couverture de la première édition en 1862 de The Bartender’s Guide : How To Mix Drinks de Jerry Thomas
illustration représentant Jerry Thomas (1830 – 1885)
Page extraite de The Bartender’s Guide : How To Mix Drinks de Jerry Thomas dans laquelle on trouve la recette du Champagne Cocktail

Une première liste, non exhaustive, de films dans lesquels ce cocktail est bu ou évoqué peut ainsi être établie.

  • 1931 – The last flight (Le Dernier Vol) réalisé par William Dieterle avec Richard Barthelmess
  • 1936 – Hats off réalisé par Boris Petroff avec Mae Clarke et John Payne
  • 1937 – She’s dangerous réalisé par Milton Carruth et Lewis R. Foster avec Tala Birell, Walter Pidgeon, Cesar Romero et Walter Brennan
  • 1942 – Private Buckaroo réalisé par Edward F. Cline avec Harry James et les Andrews Sisters
  • 1942 – Casablanca réalisé par Michael Curtiz avec Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid, Peter Lorre et Claude Rains
  • 1943 – Old Acquaintance (L’Impossible Amour) réalisé par Vincent Sherman avec Bette Davis, Miriam Hopkins et Gig Young
  • 1944 – I accuse my parents réalisé par Sam Newfield avec Robert Lowell et Mary Beth Hughes
  • 1947 – Killer Dill réalisé par Lewis D. Collins avec Stuart Erwin et Anne Gwynne
  • 1949 – Treasure of Monte Cristo réalisé par William Berke avec Glenn Langan et Adele Jergens
  • 1950 – Quicksand (Sables mouvants) réalisé par Irving Pichel avec Mickey Rooney, Jeanne Cagney, Barbara Bates et Peter Lorre
  • 1954 – Meet Mr Malcolm réalisé par Daniel Birt avec Adrianne Allen et Sarah Lawson
  • 1956 – While the City Sleeps (La Cinquième Victime) réalisé par Fritz Lang avec Dana Andrews, Rhonda Fleming, George Sanders, Ida Lupino et Vincent Price
  • 1984 – Under the Volcano (Au-dessous du volcan) réalisé par John Huston avec Albert Finney et Jacqueline Bisset
Carte promotionnelle pour le film Hats off (1936) réalisé par Boris Petroff
Carte promotionnelle pour le film Old Acquaintance (L’Impossible Amour, 1943) réalisé par Vincent Sherman
Mickey Rooney et Jeanne Cagney buvant un cocktail dans Quicksand (Sables mouvants, 1950) réalisé par Irving Pichel
Affiche du film Under the Volcano (Au-dessous du volcan, 1984) réalisé par John Huston

En 1956, dans While the City Sleeps (La Cinquième Victime) réalisé par Fritz Lang, film sur lequel nous reviendrons, une commande plutôt surprenante est faite par l’actrice Ida Lupino : « Champagne cocktail, brandy float ». Le barman ne lui apportant qu’un seul verre, on peut s’interroger sur ce cocktail plutôt déroutant car le brandy float est un cocktail à part entière composé de deux parts égales de brandy (Cognac) et d’eau gazeuse ! La réponse est finalement assez simple : à l’origine le Champagne cocktail ne contenait pas de cognac comme le décrivait David Embury dans son livre The fine art of mixing drinks publié en 1948. Autrement dit, ce que l’actrice commande c’est l’actuel mélange d’un Champagne cocktail classique. D’un point de vue mixologique, on peut dire qu’Ida Lupino, Fritz Lang et le scénariste Casey Robinson étaient en avance sur leurs temps avec ce Champagne cocktail sur une base de Brandy float. Pour l’anecdote, dans la version française doublée, on entend Ida Lupino commander « un champagne cocktail avec des clous de girofle ». Pas sûr qu’on gagne au change…

Fritz Lang dans les années 1950
Un réalisateur qui n’hésitait pas à placer du champagne, différents alcools et pas mal de cocktails dans ses films
Ida Lupino, son « champagne cocktail, brandy float » et Dana Andrews
dans While the City Sleeps (La Cinquième Victime, 1956) réalisé par Fritz Lang

Pink Champagne Cocktail

Il s’agit de la variante du Champagne cocktail, réalisée avec du champagne rosé. On trouve cette recette dans deux films signés Leo McCarey : Love Affair (Elle et lui, 1939) avec Irene Dunne et Charles Boyer et le remake qu’il en réalisa en 1957, An Affair to Remember (Elle et lui) avec Deborah Kerr et Cary Grant. Pour la petite histoire on raconte que Love Affair connut un tel succès populaire, qu’une semaine après sa sortie à New York en 1939 on ne trouvait plus une seule bouteille de champagne rosé dans les bars!

Affiche du film Love Affair (Elle et lui, 1939) réalisé par Leo McCarey
Charles Boyer et Irene Dunne buvant un Pink Champagne Cocktail dans Love Affair (Elle et lui, 1939) réalisé par Leo McCarey
Affiche du film An Affair to Remember (Elle et lui, 1957) réalisé par Leo McCarey

Nickie Ferrante
– Il faut profiter de tous les instants
– Ne pensez-vous pas que la vie devrait être fraîche et pétillante comme le champagne ?
Terry McKay
– J’aime le champagne rosé
Nickie Ferrante
– C’est ce dont je parle
– Pourquoi est-ce qu’à partir de maintenant, le voyage ne serait pas que champagne rosé ?

Dialogue entre Cary Grant et Deborah Kerr dans
An Affair to Remember (Elle et lui, 1957) de Leo McCarey

Deborah Kerr commande un Champagne Cocktail, mais avec du champagne rosé dans An Affair to Remember (Elle et lui, 1957) réalisé par Leo McCarey

French 75

La recette de l’Association des Barmen de France (ABF)

Shaker 3 cl de London dry gin avec 1,5 cl de jus de citron jaune frais et 1,5 cl de sirop de sucre.

Verser dans une flûte et compléter de 6 cl de champagne.

Ce cocktail dont l’origine est incertaine a été baptisé au début du 20e siècle d’après le canon de 75 mm utilisé par l’armée française lors de la Première Guerre mondiale.

On le voit dans Casablanca, un des chefs-d’œuvre du cinéma, réalisé en 1942 par Michael Curtiz, et certainement l’un des films dans lequel on trouve le plus de cocktails. Il est également bu dans deux films avec John Wayne, A Man Betrayed (Suicide ou Crime, 1941) de John H. Auer et Jet pilot (Les espions s’amusent) réalisé en 1957 par Josef von Sternberg.

Au Rick’s Café Americain on boit beaucoup de champagne et de cocktails !
Paul Henreid, Ingrid Bergman et Humphrey Bogart posent pour une photographie promotionnelle pour le film Casablanca (1942) réalisé par Michael Curtiz

Dans Jet pilot, John Wayne commande au serveur : « Deux Tom Collins. Et à la place du soda, mettez du champagne ». Cette recette tendrai à illustrer une anecdote à propos de l’origine du French 75. Une histoire raconte que des soldats alliés impatients voulaient mélanger un Highball au gin avec du soda, mais, n’en trouvant pas, le remplacèrent tout simplement par du Champagne ! Cette histoire ferait donc du French 75 une variante du Tom Collins (Gin, soda, citron et sucre). Dans le film, quelques minutes plus tard, lorsque le serveur apporte leur commande, il précise : « Cela fait longtemps que je n’ai pas eu de commande pour un French 75 » à quoi John Wayne lui répond « Ils sont parfaits si on les aime corsés »

John Wayne et Janet Leigh buvant un French 75 dans Jet pilot (Les espions s’amusent, 1957) réalisé par Josef von Sternberg.

On trouve une autre apparition de ce cocktail dans Too many women (1942) réalisé par Bernard B. Ray. Dans ce film, il n’est question ni d’une coupe ni d’une flûte, tout simplement pas d’un verre, mais d’une bouteille étiquetée French 75. Cette séquence furtive ne permet pas d’en apprendre plus mais l’on peut s’amuser à penser qu’il pourrait bien s’agir d’un des premiers « premix » (boisson pré-mélangée, donc déjà en bouteille ou canette, à base de spiritueux et de tonic ou de jus de fruit), peut-être même le tout premier, au cinéma.

Mentionnons enfin, la présence récente de cette boisson dans Babylon (2022) le dernier film de Damien Chazelle. On y entend Brad Pitt passer une commande pour le moins conséquente : huit bouteilles de champagne et nombre de cocktails parmi lesquels trois French 75.

Affiche du film Babylon (2022) réalisé par Damien Chazelle

Bellini (variante)

La recette de l’Association des Barmen de France (ABF)

Verser dans une flûte 4 cl de nectar (ou de coulis) de pêche puis compléter de 8 cl de champagne.

Ce cocktail a été créé à Venise en 1945 (certaines sources évoquent 1948) par Giuseppe Cipriani le fondateur et patron du fameux Harry’s Bar. Son nom est une référence et un hommage au célèbre peintre de l’école vénitienne, Giovanni Bellini. A l’origine ce cocktail, qui est sans doute l’un des plus simple à réaliser, contenait du prosecco plutôt que du champagne.

On découvre la recette de sa variante « champenoise » dans une séquence de While the City Sleeps (La Cinquième Victime, 1956) réalisé par Fritz Lang. Dans cette scène, l’acteur George Sanders, installé à une table en compagnie de l’actrice Ida Lupino, prépare cette recette. On le voit piquer à l’aide d’une fourchette des pêches fraîches avant d’y verser ce que l’on soupçonne être du champagne, la bouteille étant en partie cachée par une serviette.

Affiche du film While the City Sleeps (La Cinquième Victime, 1956) réalisé par Fritz Lang

Pick me up

La recette

Shaker 1 cl de grenadine avec 3 cl de jus d’orange frais et 3 cl de cognac. Verser dans une flûte puis compléter de 5 cl de champagne.

Le Pick me up est un autre grand classique de la mixologie. Il serait apparu dans les années 1920 au Harry’s New York Bar à Paris conçu par un des barmen, Bob Card.

Au cinéma, on le croise au début du film Hors de prix (2006) réalisé par Pierre Salvadori. On y voit Gad Elmaleh, un serveur d’un grand hôtel à Biarritz, en concevoir un pour Audrey Tautou, dont c’est l’anniversaire, et qui le prend pour un milliardaire, client du palace. Quelque peu enivrés, ils finiront la soirée dans la suite impériale ! C’est du champagne de la marque Taittinger qui est utilisé pour réaliser le cocktail.

Irène Mercier
– Qu’est-ce que vous faites ?
Jean Simon
– Un cocktail. C’est ma spécialité.
Irène Mercier
– C’est pas trop risqué ?
Jean Simon
– Au cas où, je dirais que je travaille ici…
– Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?
Irène Mercier
– Je sais pas. Quelque chose qui rende gaie.
Jean Simon
– Pour un anniversaire, il faut quelque chose à base de champagne.
Irène Mercier
– Et qui saoule vite.
Jean Simon
– Qui saoule vite… alors un Pick me up.
Irène Mercier
Parfait. Magnifique !

Dialogue entre Audrey Tautou et Gad Elmaleh dans
Hors de prix (2006) réalisé par Pierre Salvadori

Gad Elmaleh prépare un Pick me up
Image extraite du film Hors de prix (2006) réalisé par Pierre Salvadori

Mimosa

La recette de l’Association des Barmen de France (ABF)

Verser dans une flûte 4 cl de jus d’orange fraîchement pressé puis compléter de 8 cl de champagne.

La seule scène, assez brève, où apparait du champagne dans le film The Brothers Bloom (Une arnaque presque parfaite, 2008) réalisé par Rian Johnson, est celle où l’on peut apercevoir d’une bouteille de Mumm, cuvée Cordon Rouge, utilisée pour l’élaboration d’un cocktail. En voyant le jus d’orange déjà versé dans la flûte, il semblerait qu’il s’agisse d’un Mimosa, cocktail classique qui a la particularité d’être souvent consommé le matin par les amateurs !

Affiche du film The Brothers Bloom (Une arnaque presque parfaite, 2008) réalisé par Rian Johnson

Barbotage

La recette

Shaker 1 cl de grenadine avec 2 cl de jus de citron jaune et 4 cl de jus d’orange frais. Verser dans une flûte puis compléter de 5 cl de champagne.

Ce cocktail nait semble-t-il dans les années 1930 en France. Il serait une variante avec du champagne d’un cocktail non alcoolisé, le Pussyfoot.

On trouve une présence de cette boisson dans le Gigi (1958) de Vincente Minnelli, seconde adaptation cinématographique, et musicale, de la nouvelle de Colette. La scène se déroule au Palais des Glaces, patinoire prisée du Paris de la Belle Époque. Gaston Lachaille (interprété par Louis Jourdan) commande un Barbotage pour Gigi (interprétée par Leslie Caron), une adolescente que tout destine à devenir une demi-mondaine mais dont il finira par s’éprendre, et du champagne pour lui.

Pour autant, le choix du Barbotage est étonnant et même assez amusant puisque finalement anachronique, l’histoire se déroulant à la fin du 19e siècle soit près de trente ans avant son invention. Mentionnons également que dans le doublage français, le Barbotage est tout simplement remplacé par un diabolo, comme s’il ne fallait pas associer une mineure à un cocktail alcoolisé. Pour autant, cela n’empêchera pas Gigi de tremper ses lèvres dans des flutes remplies de champagne, notamment lors d’une séquence restée célèbre où Leslie Caron et Louis Jourdan chantent « The night they invented champagne » en buvant du Veuve Clicquot. Le film sera récompensé par 9 Oscars!

Affiche du film Gigi (1958) réalisé par Vincente Minnelli

Gaston Lachaille
– A Barbotage for the lady.
Gigi
– What’s that?
Gaston Lachaille
– Quiet.
– Champagne for me. Well-iced.

Dialogue original entre Louis Jourdan et Leslie Caron dans
Gigi (1958) réalisé par Vincente Minnelli

Champagne cup

La recette du Difford’s guide

Rafraîchir dans un verre à mélange 2,25 cl de Cognac avec 1,5 cl de Grand Marnier et 0,75 cl de sirop de cerise maraschino.

Verser dans un verre et compléter de champagne avant de déposer une cerise maraschino au fond du verre.

C’est à la fin du film The Grand Budapest Hôtel (2014) réalisé par Wes Anderson, que ce cocktail, dont le nom n’est pas prononcé et qui n’est pas préparé à l’écran, mais qui est si particulièrement reconnaissable à la cerise Maraschino déposée au fond du verre, fait une courte apparition, bu par Monsieur Gustave, le concierge du palace (interprété par Ralph Fiennes) dont on nous dit qu’il termina sa vie riche, superficiel et sans jamais vieillir. Une vertu du champagne?

Affiche du film The Grand Budapest Hôtel (2014) réalisé par Wes Anderson
Ralph Fiennes dégustant un cocktail Champagne cup
Image extraite du film The Grand Budapest Hôtel (2014) réalisé par Wes Anderson

Black Velvet

La recette de l’Association des Barmen de France (ABF)

Verser dans une flûte 5/10 de champagne puis compléter délicatement de 5/10 de stout (bière brune Irlandaise de type Guinness) à l’aide d’une cuillère à mélange.

Bien que sacrilège pour les puristes, ce cocktail à base de champagne et de Guinness a été créé par le barman du London’s Brook’s Club en 1861. À l’époque, le Prince Albert venait de décéder et le barman décida alors d’ajouter de la bière brune à son champagne qui lui semblait trop joyeux pour l’occasion.

Quant au succès cinématographique du Blue Velvet, bien qu’il ne soit pas la boisson la plus prisée du septième art, force est de constater qu’on le retrouve néanmoins dans plusieurs films.

D’abord, dans deux scènes d’un film américain réalisé par Lloyd Bacon, The French line (1953) où du champagne Piper-Heidsieck 1945 est mélangé à parts égales avec de la stout ! Ce film avec Jane Russell, avait la particularité d’avoir été réalisé pour être vu en 3D. Mais, du Blue Velvet en 3D, et il suffit pour s’en convaincre d’être attentif au regard incrédule de Jane Russell, n’est pas loin d’une hérésie effervescente.

Affiche du film The French line (1953) réalisé par Lloyd Bacon
Gilbert Roland préparant un cocktail Black Velvet sous le regard de Jane Russell
Image extraite du film The French line (1953) réalisé par Lloyd Bacon

Ensuite, dans Pulp (Retraite mortelle, 1972) réalisé par Mike Hodges, où l’on retrouve le cocktail en gros plan bu par Lionel Stander. Si l’on n’est pas sûr que le cocktail ait bien été conçu avec du champagne plutôt qu’avec un autre vin mousseux, c’est pourtant bien une bouteille de Moët & Chandon que débouche Michael Caine quelques instants plus tard dans la même scène.

Affiche du film Pulp (Retraite mortelle, 1972) réalisé par Mike Hodges

Enfin, et est-ce vraiment surprenant, dans un James Bond, The Man with the Golden Gun (L’Homme au pistolet d’or, 1974) réalisé par Guy Hamilton, le second opus avec dans le rôle phare Roger Moore. Il est bu en début de film, non par Bond qui se verra proposé du Dom Pérignon 1964, mais par Francisco Scaramanga, le tueur à gage superbement interprété par Christopher Lee et peut-être par sa maitresse, jouée par Maud Adams. Le cocktail est ici préparé par l’acteur Hervé Villechaize avec du champagne Moët & Chandon et de la Guinness, deux marques parfaitement identifiables dans la scène.

En Irlande, la Guiness accompagne traditionnellement les huîtres, « Guinness and oysters » ! On appréciera la French touch apportée par le champagne qui sublime cet accord.

Affiche du film The Man with the Golden Gun (L’Homme au pistolet d’or, 1974) réalisé par Guy Hamilton
Hervé Villechaize débouchant une bouteille de Moët & Chandon pour préparer un Black Velvet
Photographies de plateau du film The Man with the Golden Gun (L’Homme au pistolet d’or, 1974) réalisé par Guy Hamilton

Arise my love

La recette

Verser 1 à 2 cl de crème de menthe verte (selon vos goûts) dans le fond flûte avant de compléter de champagne à votre convenance.

Il s’agit d’un cocktail très simple, avec seulement 2 ingrédients, qui a la particularité de tirer son nom du film éponyme, Arise, My Love (Éveille-toi mon amour) réalisé en 1940 par Mitchell Leisen, une comédie screwball, engagée, qui s’oppose aux fascismes européens et milite pour l’entrée en guerre des USA, avec Claudette Colbert et Ray Milland.

Dans la première des deux scènes où ce cocktail est élaboré, l’actrice raconte à l’homme qui l’accompagne qu’un charmant docteur anglais, spécialiste des femmes, la trouvant pale, lui prescrivit ce cocktail pour sa pression sanguine : « Champagne avec une touche de liqueur de menthe » ! Une drôle de mixture quand même, et c’est d’ailleurs, nous l’apprenons lors de la seconde scène l’avis d’un barman qui semble-t-il refuse d’élaborer ce mélange.

Pas sûr, donc, que ce cocktail soit une vraie réussite, à l’inverse du film qui est une véritable réussite et l’un de ceux que préférait Claudette Colbert. Arise, my love c’est assurément à voir, pas forcément à boire!

Image promotionnelle pour le film Arise, My Love (Éveille-toi mon amour, 1940) réalisé par Mitchell Leisen

Bonus

Certains cocktails qui n’apparaissent pas (du moins pas encore) dans des films, sont pourtant en lien avec le septième art. Mentionnons-en deux.

Silence, moteur, action !

Créé en 2022 par Frédéric Desmars, le chef barman de l’hôtel du Normandy, il est dédié au Festival du cinéma américain de Deauville.

Sa particularité: il se boit en trois temps et dans trois verres. L’un sans alcool, est composé d’eau gazeuse et de concombre. Un second contient du gin écossais, de la liqueur aux notes de bergamote, du gingembre, du citron vert et de la mangue. Le troisième est une flûte remplie de champagne.

Diet Cokagne

Lors de son passage à l’émission The Late Show with Stephen Colbert, Tom Hanks a raconté comment il le créa par erreur.

Il était avec sa femme au Café Carlyle de New York, quand un serveur est venu leur offrir une bouteille de champagne. N’étant pas un grand buveur, il avait commandé un verre de Coca Light pour le repas. Devant cette bouteille de champagne, il s’exclama « Mettez un shot de champagne dans mon Coca Light ! » Avis aux amateurs… de Tom Hanks, bien sûr.

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